AQUI NADA
Stéphane Prat, Le Zaporogue, 2008.

Ne vous méprenez pas : si j’ai choisi de dire ici tout le bien que je pense d’Aqui Nada, recueil de poèmes que Stéphane Prat vient de faire paraître aux toutes nouvelles éditions du Zaporogue, ce n’est pas du tout pour satisfaire à un vulgaire devoir de copinage. Non : je suis fan, tout simplement et c’est avec un réel plaisir que je vois enfin ce précieux partenaire du Grognard rassembler en volume une dizaine de pièces qu’il avait disséminées un peu partout, ces dernières années, sur son blog ou ailleurs.
L’écriture de Stéphane Prat est riche, dense, touffue. Elle ne s’offre pas comme ça, au premier venu : elle demande de la part du lecteur qu’il daigne faire l’effort d’accéder à l’être qui se cache derrière les mots. L’auteur n’est-il pas un brin prétentieux, serez-vous peut-être tentés de demander en lisant cela ? Bien au contraire : Stéphane Prat fait partie de ces personnes qui ont un tel respect d’autrui, un tel souci de leur prochain, qu’elles sont incapables de jouer des coudes pour s’imposer et qu’elles préfèrent attendre dans l’ombre que l’on s’intéresse éventuellement à eux. Le racolage n’est pas son fort.
L’écriture de Stéphane Prat est donc une écriture qui se mérite et qui, surtout, s’impose clans le temps. Si on peut parfois lire les premières lignes de ses poèmes avec un certain agacement, on poursuit généralement, intrigué, en se demandant où il veut en venir ; puis les pièces du puzzle commencent à s’assembler et c’est tout un univers qui s’organise sous nos yeux, peuplé de petites et de grandes gens, c’est toute une humanité qui se dessine, où les plus hauts idéaux philosophiques se mêlent aux destins des plus humbles, tout un monde de sincérité, de simplicité, de dignité et de beauté qui se déroule à nos pieds : on est conquis.

Stéphane Beau
Le Grognard n°9, mars 2009

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