SIMPLES CHOSES
Roland Tixier, Editions Le Pont du Change, 2009
Ah, ce sacré vieux Boileau, on a beau dire et se moquer, il avait quand même mis le doigt sur quelque chose avec sa célèbre formule : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement »… Et justement, clarté, limpidité, fluidité, naturel, tranquillité, sont autant de mots qui viennent immédiatement à l’esprit lorsqu’on se plonge dans la lecture de Simples choses, le nouveau recueil de poésie de Roland Tixier.
Ce recueil de haïkus urbains, comme les définit l’éditeur en quatrième de couverture, aurait tout aussi bien pu s’intituler L’Art du vide ou le Manifeste du rien tant il s’ingénie à nous dévoiler les trésors les plus discrets et les splendeurs les plus ténues qui constituent le quotidien de l’infatigable arpenteur de trottoirs qu’est Roland Tixier. Et ne vous y trompez pas : il n’y a rien de plus difficile que de montrer la poésie de l’évanescent, du fugace, du minuscule, de l’ordinaire, bref, du quotidien…
Roland Tixier, au fil des 180 haïkus qui composent son recueil, nous convie à un voyage au cœur de sa ville, dans les couloirs du métro, dans le bus, dans les parkings :
parking vent du sud
lent ballet aérien
des sacs de Casino
lent ballet aérien
des sacs de Casino
On y croise des gens de tous les jours, des sans-abri, des amoureux, au gré des rues et des parcs, sous une aubette de bus ou à l'ombre d'un tilleul :
odeur de tilleul
à l’improviste à l’instant
un monde bascule
à l’improviste à l’instant
un monde bascule
Mais aussi des pies, des moineaux, des pigeons, des merles :
merle sous la pluie
simple solitude
d’un jour de peu d’importance
simple solitude
d’un jour de peu d’importance
Avec ses Simples choses, Roland Tixier nous donne à voir le monde tel qu’il devrait nous apparaître dans toute son évidence, toute sa grandeur et toute sa futilité, si nous n’avions pas tous, à longueur de temps, les yeux et les sens obstrués :
j’ouvre les volets
devant moi le vide
tout un ordre accompli.
devant moi le vide
tout un ordre accompli.
Stéphane Beau
Blog du Grognard, septembre 2009
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire