UN CHASSEUR DE LIONS

Olivier Rolin, Le Seuil, 2008


Un Chasseur de lions d’Olivier Rolin est un des succès de cette rentrée littéraire. Et comme je suis par nature assez allergique aux mouvements de foule j’avais tout aussi naturellement fait l’impasse sur ce livre. Mais comme le Seuil en a adressé un exemplaire au Grognard dans le cadre du Service de Presse, j’ai donc pris, en bon élève, le temps de le lire.

L’histoire ? Celle d’un aventurier français, Pertuiset, (chasseur de lion, trafiquant d’armes, et ami de Manet, curieuse synthèse entre Tintin et Tartarin) dont Olivier Rolin a découvert l’existence grâce à un livre acheté vingt-cinq ans plus tôt, en Patagonie nous dit-il. Depuis, il a toujours gardé dans un coin de sa mémoire de romancier le souvenir de ce drôle de bonhomme, et il a choisi de nous en narrer aujourd'hui les mésaventures.

Le principal intérêt du livre de Rolin est qu’il nous offre une agréable balade en plein 19e siècle, notamment dans le Paris de la Commune, dans des salons ou dans des ateliers où l’on croise Charles Cros, Mallarmé, Verlaine, Catulle Mendès, Villiers de L’Isle Adam et plein d’autres noms dont l’évocation ne peut bien sûr pas laisser indifférents les nostalgiques de ces temps mythiques – dont je suis.

Mais hélas, cela ne suffit pas pour faire du Chasseur de lions un grand livre. L’ensemble manque de volume, de puissance, de fougue. On imagine sans peine la fresque – on dirait aujourd’hui la « saga » – qui aurait pu être tirée de cette histoire qui nous entraîne un peu partout dans le monde, en France, en Algérie, au Pérou, en Patagonie, et qui fourmille de personnalités étonnantes que Rolin ne prend jamais la peine de fignoler. Car voilà, les chapitres s’enchaînent trop vite, toujours trop étriqués. Les personnages manquent d’épaisseur, de psychologie et les descriptions sont la plupart du temps réduites à leurs portions congrues – quand elles ne se limitent pas tout bêtement à des inventaires.

Le plus affligeant est le sentiment qui nous reste, une fois le livre refermé : qu’en retiendrons-nous ? Rien ! L’ensemble est froid et n’invite ni à la réflexion, ni à l’émotion, ni à la rêverie. Et l’on demeure à la fin avec cette ultime question, qui reste irrésolue : pourquoi Olivier Rolin a-t-il pris la peine d’écrire un tel livre ? Sans doute parce qu’il est écrivain et que c’est son métier d’écrire des livres, comme c’est celui du maçon de monter des murs ou celui du boulanger de faire cuire du pain…

Stéphane Beau
Blog du Grognard, août 2008

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