POURQUOI

Pascale Arguedas, Editions Alphabet de l’espace, 2009


Après avoir consacré une énergie folle à défendre les livres des autres, Pascale Arguedas a enfin décidé de passer de l’autre côté du miroir, de reposer sa plume de « critique », et d’enfiler sa combinaison d’écrivaine. C’est ainsi qu’elle publie, ce mois-ci, aux éditions Alphabet de l’espace, une très élégante plaquette (de 16 pages) intitulée Pourquoi.

Pourquoi ?...

Pourquoi… si peu de pages, d’abord, monsieur l’éditeur ? D’accord, nous avons bien noté qu’il ne s’agit là que d’un apéritif et que le plat de résistance, un recueil d’entretiens réalisés par l’auteure avec quelques grands noms de la littérature contemporaine, verra le jour en 2010. Mais pour cette première livraison, nous nous en serions volontiers mis un peu plus sous la dent ! Car c’est du bon, et on en redemande !

Au travers d’une petite histoire toute simple, celle d’un enfant allant rendre visite à son grand-père, atteint par la maladie d’Alzheimer, Pascale Arguedas nous entraîne effectivement dans une réflexion d’une très grande profondeur sur la mémoire : sur celle qu’on perd, sur celle qu’on efface, sur celle qu’on s’invente ou sur celle qu’on idéalise ; sur cette mémoire avec laquelle on finit toujours par s’arranger, surtout lorsqu’elle dérange, aussi bien au niveau individuel que collectif.

Réflexion sur la mémoire donc, et par ricochet, bien sûr, sur l’oubli : oubli de soi, oubli des autres, de notre enfance, de nos espoirs perdus, de nos bonheurs enfuis ; mais aussi, et enfin, oubli de ces horreurs sans nom que les hommes commettent contre les hommes et qui, avec le temps perdent parfois leur dimension de « crimes » pour devenir de simples « pages d’histoire »…

Bref, de l'art de nous embarquer, en quelques paragraphes seulement, dans un tourbillon de réflexions qui peuvent nous occuper des heures et des heures.

Bon… c’est bien joli tout cela, monsieur le responsable des éditions de l’Alphabet de l’espace, mais maintenant, on attend la suite !

Stéphane Beau

Blog du Grognard, septembre 2009

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