TRAQUE SUR LE WEB

Didier Fossey, Les 2 encres, 2010



Paris, début des années 2000 - les protagonistes parlent toujours en francs, les ringards ! Un serial killer piste ses proies sur Internet. Toute l'équipe de Boris Le Guenn, commandant de police à la brigade criminelle, est sur les dents...

Disons-le clairement, dès le début de cette recension : Tr@que sur le Web, premier thriller de Didier Fossey ne révolutionne pas le genre. Flotte dans l'air un arrière-goût de déjà-vu. Les méchants sont très méchants, les gentils très gentils, la belle héroïne pour finir, comme on s'en doute dès le début, tombe entre les griffes du vilain tueur, mais en est tiré in extremis, bien sûr, par notre brave Boris. Youpi. Je ne trahis pas là un grand secret, tant c'est couru d'avance.

Voilà une chronique qui démarre mal, me direz-vous. Rassurez-vous pourtant, car malgré ce côté très classique, Tr@que sur le Web est un roman qui se lit avec grand plaisir. En effet, si dans son ensemble ce roman ne brille pas par son originalité, l'auteur a toutefois su tricoter un déroulé d'intrigue assez cohérent, riche en rebondissements et s'amuse avec une vraie intelligence à dérouter sans cesse le lecteur. Les scènes, bien découpées, s'enchainent avec fluidité. Les personnages principaux ne manquent pas d'épaisseur et occupent bien leur place et, plus les pages se tournent, plus on se laisse prendre au jeu de ce thriller qui nous tient en haleine sans aucun problème jusqu'à la dernière page. Ce qui est plutôt la moindre des choses de la part d'un ouvrage prétendant s'imposer dans cette catégorie !

Le style de Didier Fossey est relativement impersonnel et on imagine sans peine que ses références sont plus télévisuelles ou cinématographiques que livresques. On a d'ailleurs plus l'impression, en lisant Tr@que sur le Web, de feuilleter un scénario de film ou de téléfilm qu'un roman à proprement parler tant les dialogues sont omniprésents. Les rares lignes de descriptions, pour leur part, quand elles adviennent, sont sèches, techniques et ont plus des allures de procès-verbal que de digressions littéraires. L'auteur est un policier et il écrit comme un policier, cela se sent à chaque page. Mais là encore, ce qui aurait pu constituer un handicap ou une faiblesse finit par satisfaire le lecteur qui, au fil des planques, des relèves et des procédures, a presque l'impression de suivre en direct et en temps réel une véritable enquête de police. Un petit côté "vie ma vie", très dans l'air du temps...

Au final, Didier Fossey nous livre donc un thriller de bonne tenue, bien emmené et sans temps morts. Tout cela est plutôt prometteur. Si, pour son prochain roman, il s'autorise à prendre un peu plus de temps pour poser le décor, donner un peu plus de vie, de couleurs, d'odeurs, de bruits aux rues de Paris et un peu plus de corps aux personnages secondaires, il aura toutes les cartes en main pour nous proposer une très belle suite aux aventures de Boris Le Guenn.


K-Libre, Mars 2011

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