ALBERT CAMUS OU L’ESPAGNE EXALTEE
Favier Figuero, Editions Autre Temps, 2008
L’Espagne occupe une place essentielle dans la vie et dans l’œuvre d’Albert Camus, c’est ce que nous rappelle Javier Figuero, également spécialiste de Maria Casarès – un des grands amours du prix Nobel – dans un livre intitulé Albert Camus ou l’Espagne exaltée.
Né d’une mère espagnole, Camus a vingt-trois ans lorsque Franco part à la conquête de l’Espagne. Le jeune homme s’engage alors de toutes ses forces (forces hélas limitées par une tuberculose qui lui interdit tout engagement « physique ») dans le vaste débat qui s’instaure autour de ce conflit fratricide qui préfigure toutes les atrocités des années à venir. Car, comme Figuero l’écrit très bien : « pour beaucoup d’hommes de sa génération, la guerre d’Espagne ne fut pas seulement une guerre : ce fut quelque chose de mystique et de littéraire à la fois ». (p.132)
Les souffrances du peuple espagnol, prisonnier d’un franquisme qui ne tardera pas, après la guerre, à bénéficier de la reconnaissance de presque tous les Etats occidentaux, resteront toute sa vie une inépuisable source d’indignation.
Mais l’amour que Camus voue à l’Espagne n’a pas que des assises politiques et factuelles. Plus profondément, c’est avec l’âme du peuple espagnol qu’il se sent en osmose. L’Espagne est et demeurera à jamais sa seconde patrie ; la patrie de sa mère et celle de Maria Casarès ; la patrie de Don quichotte et de Don Juan, deux figures auxquelles il accordera une place majeure dans son œuvre ; la patrie de dramaturges tels que Lope de Vega, Calderon de la Barca, Tirso de Molina ou de penseurs comme Miguel de Unanumo ou José Ortega y Gasset qu’il n’aura de cesse de célébrer
Javier Figuero a pris le parti de ne pas s’attarder uniquement sur la dimension « espagnole » de Camus, mais de nous montrer comment, lorsque que l’on déroule l’ensemble de sa vie et de son œuvre, cette dimension prend l’évidence d’un véritable fil rouge. Et quand on sait à quel point l’Espagne, associée à la figure de la mère (la mère patrie) est importante pour Camus, ce n’est pas sans émotion que l’on se souvient de ces quelques mots qu’il attribuait à Jan, le héros malheureux du Malentendu : « Le bonheur n’est pas tout et les hommes ont leur devoir. Le mien est de retrouver ma mère, une patrie… »
Stéphane Beau
Blog du Grognard, novembre 2008
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